Le dragon au rubis
C’est à Ferrette, petit village paisible et bucolique au cœur du Sundgau que naît la légende de l’un des principaux dragons alsaciens. Les ruines du château médiéval du 12ème siècle situées à 612m d’altitude surplombent le jura alsacien et offrent un merveilleux panorama.
On dit qu’il y a très longtemps, dans les alentours du château, vivait un dragon de feu. Contrairement à la plupart des dragons de l’imaginaire populaire, celui-ci était bon et connu pour l’aide qu’il apportait aux villageois. Sortant à la nuit tombée, il ouvrait sa gueule, au fond de laquelle brillait un énorme rubis, et allait à la rencontre des passants et voyageurs perdus pour éclairer leur chemin. Mais gare à celui qui oserait lui adresser la parole, ne serait-ce que pour le remercier : il s’exposerait par cet acte à une fureur innommable.
Tous respectaient donc cette unique condition et profitaient de l’aide du généreux dragon au rubis.
Au fil des années, l’aimable créature s’était faite de plus en plus rare, pour ne devenir qu’un mythe propre au village. Jusqu’au jour où un jeune berger, curieux au-delà du raisonnable, souhaita vérifier si la légende était vraie.
Le jeune homme passa des journées entières à chercher la bête, sans parvenir à trouver son antre. Sa chance vint lors d’une nuit d’été menaçante. Alors qu’il veillait sur son troupeau dans un pré du Jura alsacien, un orage terrible éclata. Les éclairs illuminaient le ciel et le berger crut voir le dragon se dessiner dans les nuages. Saisissant l’opportunité, il l’appela de toutes ses forces.
Aussitôt, la foudre se fit aveuglante, le tonnerre gronda avec force et une forme rougeoyante apparut dans le ciel. Une gueule s’ouvrit pour laisser entrevoir voir un grand rubis, puis cracha des flammes dans la direction du jeune homme. Transi de peur, il tomba évanoui au milieu de ses moutons qui s’enfuirent dans le chaos.
Au petit matin, en proie à de multiples maux et brûlures, il eut tout juste la force de faire le chemin vers la ferme puis tomba dans la cour. Il fut porté dans un lit, et, mourant, usa du peu de force qui lui restait pour raconter ce qui lui était arrivé. Les cloches du village retentirent au moment précis où le berger rendit l’âme.